La gare d'Annemasse a joué un rôle crucial pendant la Seconde Guerre mondiale, en raison de sa proximité immédiate avec la frontière suisse.
Elle est devenue un point stratégique pour les réseaux de Résistance et les filières d'évasion.
Durant l'Occupation, la ligne vers la gare de Genève-Eaux-Vives était fermée aux voyageurs mais restait ouverte aux marchandises.
Seuls quelques cheminots bénéficiaient de sauf-conduits spéciaux pour effectuer le trajet vers Genève-Eaux-Vives.
De nombreux cheminots d'Annemasse ont ainsi contribué à faire passer la frontière à des personnes pourchassées, avec l'aide de leurs homologues suisses.
Ils ont également participé à des actes de sabotage pour ralentir les convois allemands, tout en limitant ces actions pour ne pas compromettre les opérations d'exfiltration .
La gare servait également de point de rendez-vous pour les personnes en attente de passage vers la Suisse.
Des rencontres discrètes avaient lieu sous la rotonde ou dans des zones moins surveillées de la gare.
Des actes de sabotage ont été menés, notamment la destruction du câble d'alimentation du dépôt d'Annemasse, paralysant la gare pendant plusieurs heures, et le sabotage du vérin pneumatique chargé de retirer les essieux des locomotives .
Le Juvénat et la gare d'Annemasse
La gare d’Annemasse fut un point névralgique dans les actions menées par les Pères du Juvénat de Ville-la-Grand pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le Père Louis Favre utilisait les rares liaisons ferroviaires entre la France et la Suisse pour se rendre à Genève, grâce à un laissé passé puisqu'il travaillait aussi à l'institut Florimont au début de la guerre.
Ces déplacements lui permettaient de transporter discrètement du courrier, d’entrer en contact avec les réseaux suisses.
Il se rendait également souvent à Lyon ou durant le transport, il écoutait attentivement les discussions entre les soldats.
Le frère Raymond, lui, jouait un rôle tout aussi crucial. C’est lui qui accompagnait les réfugiés depuis le Juvénat jusqu’à la gare d’Annemasse, souvent à pied ou à vélo, lorsqu'ils étaient refoulés en suisse "il les conduit avec sa carriole à la gare, calme et souriant, disant à qui veut l'entendre qu'il raccompagne des parents d'élèves. Livre de Nicole Giroud
Parfois, le mouvement s’effectuait dans l’autre sens : certains réfugiés arrivés en train à Annemasse étaient repérés ou guidés vers le Juvénat, qui leur servait alors de refuge temporaire.
Cette circulation constante entre la gare et le Juvénat montre l’organisation précise et le lien de confiance entre les religieux, les cheminots et les passeurs, dans un réseau de sauvetage à la fois local, souterrain et solidaire.