Ancien enfant du Juvénat, poète, romantique et exalté, le Révérend Père Louis Favre était un homme à la personnalité remarquable. Naturellement engagé dans la résistance dès 1942, il fut arrêté et fusillé par les Allemands quelques jours avant la Libération.
Troisième enfant d’une fratrie de quatre, Louis Favre naît en novembre 1910 dans une famille pauvre et catholique de Bellevaux. Son père est tué sur le front en juillet 1917. Comme de nombreux autres orphelins de cette époque, il intègre le petit séminaire – une solution pour les veuves de guerre qui souhaitent offrir des études à leurs enfants. La prêtrise est la suite naturelle du parcours.
Les registres du Juvénat montrent qu’il était un élève excellent mais indiscipliné.
« Querelleur, s’amuse en classe, tutoie, se rebiffe, siffle en étude » : un tempérament frondeur qui ne correspond pas à l’obéissance que l’on attend d’un futur prêtre. Entre deux parties de foot, il écrit de la poésie et dessine admirablement.
Il manifeste très tôt une profonde conviction patriotique.
Louis poursuit ses études à Fribourg en Suisse – c’est là qu’il apprend l’allemand – et revient habiter et enseigner au Juvénat après avoir été ordonné prêtre en 1936. Parallèlement, il est professeur dans l’établissement huppé de Florimont dans la banlieue de Genève. Pendant la guerre il est mobilisé en tant qu’infirmier militaire et après la défaite, il reprend ses postes d’enseignant, au Juvénat comme à Florimont.
L’engagement du Révérend Père Favre dans la résistance apparaît comme le prolongement naturel de l’exaltation patriotique qui le caractérise, et la suite logique du deuil, jamais vraiment terminé, d’un père mort à la guerre. Sa double fonction et la position stratégique du Juvénat où il habite en font d’autre part un agent de renseignement et un passeur de courriers idéal, à la fois pour les services secrets suisses et pour la résistance française. André Devigny, co-fondateur avec le Colonel Groussard des réseaux Gilbert, note dans le dossier de Louis Favre : « entrée dans la résistance : janvier 1942 ».
Dernière photo du Révérend Père Louis Favre avant son arrestation
© Collection des MSFS / PMF74
© PMF74 - texte écrit par M Yves CARRON